Eva Guillorel

Maîtresse de conférence en histoire moderne à Rennes 2, Éva Guillorel se plaît autant entre les murs de l’université qu’à fréquenter les veillées ou les festoù-noz. Passionnée par les cultures et les traditions orales, elle n’imagine pas un instant en effet travailler sur le sujet sans aller à la rencontre de celles et ceux qui les font vivre. Une manière pour elle d’entretenir l’indispensable lien entre savoir universitaire et culture populaire.

Née en banlieue parisienne, dans une famille moitié auvergnate moitié bretonne, Éva a très tôt baigné dans la culture bretonne à défaut de pouvoir y habiter ou tout simplement y venir, les vacances se passant systématiquement en Auvergne. Cette Bretagne, elle a appris à la connaître auprès de son grand-père Guillorel. “Je l’ai beaucoup enregistré pour qu’il me raconte sa région natale.” Une région par ailleurs omniprésente autour d’elle à Nanterre, où elle a grandi : “Je me suis intéressée à la langue bretonne à l’âge de 13 ou 14 ans dans une association à Colombes. J’avais une copine qui parlait breton, je fréquentais les festoù-noz et je jouais de la harpe.” Dès lors, au moment de poursuivre ses études supérieures, en 2000, c’est tout naturellement qu’elle s’est tournée vers la faculté de Rennes, avec un double cursus : histoire et… breton. Elle continue à “jouer un peu de musique”, commence à faire du collectage autour de la tradition orale. Une démarche qui la conduit à rencontrer et à enregistrer Maria Prat, agricultrice dans le Trégor mais aussi conteuse, auteure de pièces de théâtre, et surtout considérée comme l’âme des beilhadegou, ces veillées organisées dans le Trégor pendant une trentaine d’années à partir des années 1960. Cette approche de la culture populaire passionne la jeune étudiante qui poursuit son apprentissage du breton dialectal. Éva Guillorel en fait son thème de maîtrise de langues et cultures régionales, spécialisation breton/celtique, sous la direction de Daniel Giraudon(1), en 2003 : En traou miñs Berlewene e-lec’h ma’c’h on ganet…, Maria Prat. Regard sur la vie lannionnaise d’hier et d’aujourd’hui. La même année, cette fois sous la direction d’Alain Croix(2), “un excellent professeur qui m’a guidée dans mon approche de l’histoire populaire”, Éva Guillorel travaille sur La complainte en langue bretonne, source pour l’histoire ?, dans le cadre de son dea d’histoire et de sciences sociales. Elle obtient son agrégation d’histoire l’année suivante et entame sa carrière d’enseignante en histoire-géographie au lycée de l’Harteloire à Brest, à deux pas de l’université et du crbc (Centre de recherche bretonne et celtique), où elle va côtoyer, entre autres, Donatien Laurent et Fañch Postic. De nouvelle rencontres qui viennent baliser un parcours qu’elle affirme ne pas vraiment avoir choisi : “Ce sont les circonstances de la vie, les rencontres et le soutien de mes profs qui m’ont portée vers ce que je suis aujourd’hui.”

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