Si l’ethnologie peut constituer “le fil rouge” de la vie professionnelle de Fañch Postic, encore faut-il prendre la mesure de l’originalité de son engagement au sein de l’écomusée des monts d’Arrée, puis de la rédaction d’ArMen, enfin au manoir de Kernault à Mellac où il a dirigé une antenne du Centre de recherche bretonne et celtique (CRBC).
On doit sans doute considérer que, comme bien souvent, tout se joue dans les premières années de la vie et que, si fil rouge il y a, le premier brin se noue au sein d’une famille bien enracinée en Cornouaille. Fañch est né à Elliant, connue pour sa fameuse peste dont le chant fut le tout premier publié par La Villemarqué en 1836. Son arrière-grand-mère (1858-1961) a été l’une des informatrices de Jean-Michel Guilcher, celui-là même qui initia Fañch Postic à l’ethnologie. Son père, de Tourc’h, a été, à 13 ans, commis de ferme, et sa mère, d’Elliant, a dû, au même âge, suppléer dans la petite ferme familiale, un père décédé des suites de la Première Guerre mondiale. Peu après la naissance de Fañch, en 1954, ils ont quitté Elliant pour s’installer dans une petite ferme de Rosporden. Sa mère s’occupait des animaux, vendait le lait et le beurre, tandis que son père travaillait dans une entreprise de hangars agricoles puis dans une usine de conserves de légumes. Passionné d’apiculture, il fabriquait aussi un excellent chouchen (voir ArMen n° 86).
Sans doute est-ce d’eux, travailleurs infatigables, ne se plaignant jamais, qu’il tient son impressionnante capacité de travail. Quand on interroge Nelly Blanchard, sa collègue du crbc avec laquelle il a beaucoup collaboré au cours des dernières années, celle-ci commence par souligner sa capacité à mener des entreprises de longue haleine, que ce soit la publication de l’œuvre du prêtre collecteur François Cadic (neuf gros volumes) ou le classement et l’étude de la correspondance de Théodore Hersart de La Villemarqué. Ajoutons quelque 90 articles, sans compter ceux, non signés, qu’il a écrits pour ArMen et la bonne demi-douzaine de colloques sur les actes desquels il a veillé. Tous ceux qui ont eu la chance de travailler avec lui évoquent spontanément, comme Nelly Blanchard, la qualité de son érudition et sa grande générosité. Il n’est pas de ces chercheurs qui conservent farouchement par devers eux les matériaux et résultats de leurs investigations. Il est au contraire animé par un souci constant de vulgariser et surtout de partager et de transmettre le savoir.