Monts d'Arrée, 1 an après

Plus de cinq millions d’euros ont été mobilisés dans un vaste plan de restauration des monts d’Arrée, après les incendies de l’été dernier. Les travaux avancent bien à l’approche de l’été, avec trois objectifs : restaurer les espaces incendiés, prévenir de nouveaux feux et valoriser le territoire.

Le vent frais qui souffle fort sur les monts d’Arrée en ce mois de mars n’incite pas à traîner sur la montagne Saint-Michel. Tout autour, les pierres blanches encore noircies par les grands incendies de l’été derniers descendent comme des rivières en ligne droite vers le Yeun Ellez. Les molinies, ces herbes typiques des landes, ont repris rapidement, à peine le feu éteint, à l’été. Les petites touffes éparses sont un peu jaunies à la sortie de l’hiver… En haut de la montagne, le chantier de restauration de la chapelle avance bien. Autour, c’est le frémissement de quelque chose de nouveau, bien qu’encore timide. Début septembre, quand les incendies dans le Finistère ont été déclarés officiellement éteints, 2 208 hectares avaient brûlé, soit 8 % de la totalité des landes et tourbières de Bretagne et 20 % du site Natura 2000 des monts d’Arrée.

L’émoi a été conséquent, et la réponse rapide. Le Conseil départemental du Finistère, propriétaire d’environ un quart des surfaces brûlées, l’État et de très nombreux partenaires (de la Fédération départementale des chasseurs à l’association Bretagne Vivante, en passant par le parc naturel régional d’Armorique, les communes sinistrées et même un collectif de citoyens, pour n’en citer que quelques-uns…) se sont mis en ordre de marche. Un comité de pilotage a été installé, avec trois objectifs : restaurer les espaces incendiés, prévenir de nouveaux feux et valoriser le territoire. “La logique a été que tous ceux qui, à un titre ou à un autre, avaient envie d’apporter leur pierre à la restauration des monts d’Arrée, puissent le faire dans une enceinte unique pour combiner esprit de rassemblement et efficacité”, précise Maël de Calan, le président du conseil départemental du Finistère.

Parmi les actions de restauration les plus significatives réalisées depuis la fin de l’été, des clôtures ont été remplacées, des épierrages de parcelles réalisés pour faire en sorte que les agriculteurs qui utilisaient des terres du Département pour leurs bêtes puissent en retrouver un certain nombre. D’autres parcelles ont été achetées. Les agriculteurs qui avaient aidé pendant les incendies ont été indemnisés. “Il y avait quelques urgences, notamment sur le secteur de Commana, où une piste faite rapidement pour les pompiers avait impacté fortement le territoire, et le secteur des sources de l’Élorn. Là, on a fait tout le travail de restauration avant fin octobre, avant les pluies, pour qu’il n’y ait pas d’impact sur l’Élorn et la retenue du Drennec”, explique Jacques Brulard, directeur de l’Aménagement, de l’Agriculture, de l’Eau et de l’Environnement au conseil départemental.

En parallèle, le passage du feu a révélé beaucoup de dépotoirs sauvages, souvent anciens ! Si les plus petits ont pu être nettoyés rapidement, deux décharges majeures, l’une de dix tonnes et l’autre de cinquante tonnes ont été découvertes. La première sera évacuée d’ici l’été. Le nettoyage de la seconde se fera plutôt au cours de la deuxième partie de l’année. “C’est lié à une époque où il n’y avait pas de déchetteries, commente Jacques Brulard. Mais ça reste étonnant de trouver des décharges de ce type et d’imaginer qu’on ait un jour pu se dire : j’ai une plaque d’amiante et je vais la mettre dans la lande…” Le Département a aussi nettoyé le paysage des poteaux électriques brûlés, ou encore des troncs d’arbres calcinés, dont certains dataient d’incendies bien plus anciens !

Restauration de la montagne Saint-Michel 

L’un des symboles de ce chantier reste la restauration de la montagne Saint-Michel. Aujourd’hui, les marches pour accéder au sommet sont neuves, les rambardes ont été reprises, l’enrobé reconçu par endroit. Une signalétique d’interprétation du paysage sera posée… La chapelle est en cours de restauration, de la charpente jusqu’au sol, qui sera en terre battue. Un nouvel autel doit être posé, créé par le designer Ronan Bouroullec. “La cloche de la chapelle avait été déposée dans les années 1960 car le clocher était fragilisé. L’un des artisans qui travaillent sur le chantier a retrouvé cette cloche ! Elle est gravée, ce qui a permis de prouver son origine de manière certaine. Elle sera réinstallée”, assure Maël de Calan. Le gros œuvre a été interrompu par les pluies, puis le froid, cet hiver. Mais, depuis, les travaux vont bon train et la montagne Saint-Michel, ainsi que sa chapelle, commenceront leur nouvelle vie cet été. (…)

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