Chaque année, les Bernaches cravants à ventre sombre effectuent leur périple migratoire depuis la péninsule du Tamyir en Sibérie, vers les côtes ouest-européennes de la Manche et de l’Atlantique. Depuis près d’un demi-siècle, la réserve naturelle de la baie de Saint-Brieuc, la plus grande de Bretagne avec ses 1 140 hectares, est un site d’hivernage qui accueille respectivement environ 4,5 % et 1,2 % de ses effectifs nationaux et mondiaux. L’ensauvagement de cet espace protégé apparaît pour autant paradoxal pour peu qu’on y regarde de plus près.
Un site d’importance internationale
Ne pouvant être ni détruit, ni modifié, le fond de la baie de Saint-Brieuc dispose, par son statut de Réserve Naturelle Nationale acquis en 1998, d’un outil de conservation sur le long terme. Si le site accueille au gré des saisons des populations d’espèces d’oiseaux d’eau aussi bien sédentaires que migrateurs de manière régulière ou sporadique, ce sont bien les migrateurs qui lui confèrent une grande importance patrimoniale faunique. Elle se situe en effet sur un axe migratoire Manche-Atlantique, où des anatidés et des limicoles en provenance de régions arctiques, de Sibérie comme de Scandinavie, y font une halte ou un véritable hivernage avant de repartir vers leur région de nidification. En se basant sur les inventaires réalisés depuis plus de 50 ans sur le site, environ 10 espèces ont progressivement atteints des effectifs d’importance nationale, c’est-à-dire présentant des effectifs supérieurs à 1 % de l’effectif français. La Bernache cravant à ventre sombre (Brenta bernicla bernicla) y fait un peu “bande à part”. Si ses effectifs satisfont bien à une importance nationale, ils répondent aussi aux critères chiffrés pour classer le fond de baie en zone humide d’importance internationale pour cette espèce. (…)