Un projet écologiste précurseur

Après l’abandon du projet de centrale nucléaire à Plogoff, en 1981, des militants lancent un projet écologique original de maison autonome qui n’a pas abouti, mais a contribué à l’émergence d’une conscience écologique dans le cap Sizun.

“Plogoff ne figure pas et ne figurera pas dans mon plan nucléaire”, lance le candidat Mitterrand lors d’une soirée électorale à Brest, le 9 avril 1981. Le 10 mai suivant, il est élu à la présidence de la République. Le projet de centrale nucléaire à Plogoff est abandonné quelque temps plus tard.

Les acteurs de la mobilisation victorieuse souhaitent alors poursuivre les initiatives qu’ils ont lancées depuis 1978. Support juridique de la bergerie de Plogoff créée en 1979, le groupement foncier agricole (GFA) est ainsi maintenu, même si les dons se réduisent rapidement. Des demandes de permis de construire sont envisagées afin d’en faire une véritable exploitation agricole, et pas seulement un symbole de la mobilisation.

Des thématiques écologiques nouvelles

Dans un projet annexe à cette bergerie, les militants lancent l’idée d’installer des serres de plantes médicinales, des activités de tannage de peaux, de filage de laine, de recyclage du papier et de récupération du verre, autant de thèmes nouveaux à l’époque. On imagine aussi la construction d’une éolienne assez puissante pour fournir du courant électrique à la bergerie. La mobilisation de Plogoff a généré tout un courant d’idées nouvelles, sans soutien des pouvoirs publics. Finalement, aucun projet alternatif n’a survécu à la fin de la mobilisation de Plogoff.

Cela a constitué une surprise pour beaucoup d’observateurs, comme l’ancien député européen écologiste, José Bové, quand il est venu dans la région au milieu des années 1980. “J’ai cherché des traces de la lutte, mais je ne les ai pas aperçues”, a-t-il indiqué. Comment l’expliquer ?

Un projet précurseur

Parmi les nombreux projets lancés à l’époque, celui de la maison autonome de Plogoff était sans doute le plus précurseur. Pour le porter, une nouvelle association, Plogoff Alternatives, est créée en mai 1980. À l’initiative de l’association Evit Buhez ar C’hab (Pour la Vie du Cap) et du comité de défense de Plogoff, la nouvelle structure souhaite se positionner comme force de proposition. Présidente du comité de défense de Plogoff, Annie Carval soulignait alors : “J’aurais voulu que le cap serve de centre d’expérimentation pour les énergies nouvelles […]. Il faudrait leur montrer qu’on a lutté contre le nucléaire, mais qu’on pouvait faire autre chose.”

Jeune leader écologiste, membre de l’association Evit Buhez ar C’hap, Jean Moalic complétait : “Notre objectif est de proposer une nouvelle politique en ce qui concerne les énergies renouvelables et surtout de proposer des expériences positives.”

La suite est dans le numéro 269 d’ArMen

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