Paysages, folklore, festivités, militantisme et surtout, surtout, le littoral et la mer, les représentations photographiques de la Bretagne d’hier et d’aujourd’hui dessinent l’histoire d’une région au gré d’un patrimoine vertigineux d’images à préserver.

La photographie, patrimoine hétéroclite et innombrable

La photographie ne bénéficie pas, contrairement au cinéma, d’un statut très exactement défini. Quand l’image animée est admise tout à la fois comme industrie, mais aussi reconnue comme 7e art, la photographie est plus difficilement identifiable, document ou œuvre ? Certaines classifications récentes lui attribuent bien le titre de “8e art” mais en vrac, avec télévision et radio… 

La photographie est multiple, disparate, omniprésente. Dans la presse, la mode, la publicité, bien avant d’entrer dans les musées où elle ne faisait figure que d’illustration avant d’être finalement exposée en tant que telle, enfin reconnue œuvre d’art.

On distingue tout autant de types de photographes : les artisans qui tenaient boutique en ville ou couraient la campagne pour réaliser des portraits, les photographes de création ou artistes plasticiens, les photographes de presse qui produisent des documents d’actualité ou travaillent sur des sujets peu traités par les particuliers (monde du travail, par exemple), et les photographes amateurs, les plus nombreux, les plus prolifiques.

La production massive, exponentielle, de tous ceux-là, encore démultipliée par l’arrivée du numérique il y a 20 ans, rend impossible tout inventaire, mais constitue notre mémoire, un patrimoine précieux qu’il convient de préserver et de transmettre. (…)

S’organiser pour préserver le patrimoine photographique de Bretagne

Contre l’oubli et la perte d’un patrimoine photographique essentiel pour la mémoire collective, la résistance s’organise ! Des particuliers se regroupent, créent des associations dédiées, apprennent les techniques de conservation, trient, classent, dépoussièrent, documentent et montent des expositions, éditent des livres. Ils se battent, même s’ils disposent de peu de moyens. (…)

Archives Jos Le Doaré. Une épopée familiale

Qui d’entre nous n’a pas reçu un jour dans sa boîte aux lettres ou juste regardé défiler sur un présentoir les célèbres cartes postales Jos, dont le logo – quelque peu modifié au fil des années – se détachait en blanc sur des photos de Bretagne, en noir et blanc ou en couleurs, aux contours dentelés. Les archives Jos Le Doaré représentent plus d’un siècle d’images et 400 000 négatifs conservés à Châteaulin. Une mémoire de la Bretagne toujours gérée exclusivement par la famille.

Gwenola Furic, conservatrice-restauratrice du patrimoine photographique

À Redon, sur la grande table de l’atelier de Gwenola Furic, des photos convalescentes sèchent lentement, maintenues précautionneusement à plat par des poids adaptés. Le traitement est en cours pour certaines : des bateaux piquetés de taches noires dans le port de Concarneau, un couple endimanché d’autrefois dont les costumes sont troués par endroits. La restauratrice a pour l’instant procédé au comblement de ceux-ci par de délicats découpages de papier blanc. Depuis 20 ans, Gwenola Furic s’active au chevet de photographies mal en point, telle un médecin de ce patrimoine fragile.

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