La Bretagne est et demeure terre de culture. Toutes les disciplines y sont représentées et se développent. La tradition orale de contes et de chants s’est épanouie à travers les livres sur ce riche terreau créatif où l’imagination des auteurs se nourrit de l’héritage des légendes. Les lecteurs y répondent présents, ne cherchant pas seulement à occuper les longues et sombres soirées d’hiver mais manifestant curiosité intellectuelle et ouverture d’esprit sur des univers éloignés. Le pourcentage de la population bretonne inscrite dans l’un des 1 015 établissements publics de lecture (sans compter les bibliothèques universitaires), généralement stable au fil des ans autour de 18 %, a augmenté de trois points en 2020 (21 %). Il reste bien supérieur à la moyenne nationale (12,4 % en 2019, 16 % en 2020), selon les chiffres de Livre et lecture en Bretagne et Mobilis-Pays de Loire*.
* Tous les chiffres cités dans cet article proviennent d’études menées annuellement par cet établissement public de coopération culturelle qui accompagne et complète les politiques publiques en faveur du livre et de la lecture en Bretagne administrative, et de ceux du pôle culturel ligérien.
Les éditeurs, au cœur du livre en Bretagne
Les lecteurs bretons sont attachés au format papier et considèrent le livre comme un objet précieux… à partager sans modération. On offre, on échange, on donne… Le livre, objet social vagabond, se diffuse de bien des manières. Il n’est que de voir, depuis quelques années, la propagation exponentielle des boîtes à livres dans les communes. On y dépose ses ouvrages lus, on y récupère gratuitement un titre alléchant, au bord d’une route, d’une plage, au cœur de jardins partagés, dans des cabines téléphoniques désaffectées ou d’anciennes vitrines frigorifiques qui y retrouvent là une utilité, voire dans des lave-linge qui, dans les rues de Lamballe, allient le concept à une pétillante idée du recyclage ! Le livre est ici vecteur de messages seconds, écologique et citoyen. (…)
Les salons du livre. Vitrines de la diversité éditoriale et ferments relationnels
Les auteurs et éditeurs ont fortement souffert de la fermeture des librairies, jugées non essentielles pour le pays en période de pandémie. L’annulation des nombreux salons qui, chaque année, drainent plusieurs dizaines de milliers de visiteurs, a encore amplifié cet impact qui a sérieusement éprouvé le secteur du livre. (…)
La librairie, centre névralgique de la filière, espace d’échanges, véritable lieu de vie
Le livre numérique connaît une ascension plutôt lente en France. Le commerce sur Internet, déjà bien implanté avant la crise sanitaire, a sauvé bien des ventes lors de la fermeture obligatoire des boutiques. Cependant, à prix égal (loi Lang de 1982 sur le prix unique du livre), les conseils dispensés par les libraires, qui connaissent leur fonds et les nouveautés mais aussi leur clientèle, ajoutent une valeur irremplaçable à ce commerce de proximité que sa dimension culturelle rend un peu différent des autres. En organisant des animations autour du livre, les libraires placent ce dernier à la portée de chacun et lui donnent une image vivante, souvent conviviale. Elles désacralisent l’aspect “temple du savoir” et démocratisent la discipline. Et cela se fait parfois au quotidien, comme dans le cas des cafés-librairies : la librairie Dialogues à Brest a été l’une des premières en France à ouvrir à cette mixité. (…)