Anna Heusaff est née des amours d’un père breton et d’une mère irlandaise. Toute petite, elle est tombée dans le chaudron magique de la langue irlandaise. Après une activité de journaliste et de productrice pour la télévision, elle se consacre à une carrière de romancière.

Texte : Thierry Jigourel – Photographie : Didier Houeix

Galway, porte du Connemara : il pleut. Le ciel est gris anthracite, une couleur comme seule l’Irlande en a le secret. Heureusement, ici, pour paraphraser Xavier Grall, on vient se faire des âmes plus que des peaux. Pas de risque, en cette fin de septembre pluvieux, d’attraper des insolations. Des coups de cœur, peut-être ? Rendez-vous au Jurys Inn. Anna Heusaff est là. Elle a fait le voyage, en train, depuis Dublin, avec Kintilla, sa sœur. Le breton de Kintilla est chaleureusement teinté d’accents irlandais, qui lui donnent encore plus de charme. Celui d’Anna est plus hésitant, même si elle est heureuse et fière d’avoir été reçue comme invitée d’honneur, en 2005, au Salon du livre insulaire d’Ouessant.

Ses parents ont possédé, pendant deux décennies, une maison à An Spidéal, sur la route de Clifden, non loin de là. Cependant, si leur mère était originaire du Donegal, elles ont cependant vécu à Dublin. “Nous habitions dans le faubourg populaire de Drumcondra. Nos parents parlaient irlandais entre eux et avec leurs six enfants !”, explique Anna Heusaff.

Elle revendique d’ailleurs le terme “irlandais” et non gaélique pour désigner sa langue maternelle. “Le gaélique, c’est plutôt ce que disent les étrangers, pour évoquer aussi les langues d’Écosse et de l’île de Man. Nous utilisons ‘irlandais’ pour désigner notre langue nationale. À l’époque, c’était plutôt rare, à Dublin, cette démarche volontariste. Il n’y avait que trois écoles primaires irlandophones dans la capitale. Il y en a aujourd’hui presque quarante !”

Outre son attachement à sa langue, Anna Heusaff revendique trois centres d’intérêt : “le journalisme, les questions sociales et la défense de l’environnement”, auxquels s’ajoute, depuis des années, un intérêt évident pour la littérature. “Lorsque j’étais étudiante, confie-t-elle, j’écrivais des contes pour adultes. J’ai essayé aussi d’écrire un roman pour enfants, mais je ne savais pas trop quel genre adopter.”

A retrouver dans le numéro 267…

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