Monter cette côte à vélo, ce n’est même pas la peine d’y penser. La petite reine, très peu pour moi, sinon sur le plat du chemin de halage entre Nantes et Brest, par un après-midi de beau temps, si possible, et sur un parcours raisonnable, disons une petite dizaine de kilomètres maximum. D’ailleurs, la montée de la Fosse-aux-Loups n’est pas une côte, c’est une montagne, un pic, une falaise. 

Certes, railleront certains, une bien modeste montagne dont le sommet culmine à 175 mètres au-dessus du niveau de la mer, en l’occurrence ici l’Élorn, mais la dénivellation est sacrément redoutable. Ça démarre à 14 %, de quoi scier les mollets du plus aguerri des cyclistes, puis l’ascension se poursuit sur trois kilomètres sur ce qu’on appelle un faux plat et qui m’a tout l’air d’un véritable chemin de croix. La preuve, il m’a fallu ce matin, chronomètre en main, trente-trois minutes pour l’escalader dans sa totalité à pieds (pour ne pas dire à pas de loup), depuis le quai de Cornouaille en la bonne ville de Landerneau jusqu’à son sommet, et je ne suis pourtant pas un néophyte en la discipline. Trente-trois, l’âge du Christ quand il poussa son dernier soupir sur la colline du Golgotha comme le rappelle justement ce calvaire de mission érigé en 1899 au lieu-dit La Croix-Neuve, où sera jugé le final de l’étape. Si je me permets une telle référence, c’est qu’il y a un côté christique chez ces coureurs cyclistes qui poussent l’effort jusqu’à la souffrance et c’est bien cela qui nous fascine, du moins qui me fascinait lorsque enfant, devant la télé aux côtés de mon grand-père, je regardais ébahi Anquetil et Poulidor gravir au coude-à-coude (expression à prendre à la lettre) le mont Ventoux. Et les voilà qui vont bientôt défiler devant la fenêtre de ma cuisine. Un régal pour l’aficionado que je suis. (…)

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