Léna Paugam, portrait ArMen 258

“La société dont je rêve accepte la critique, le débat, et n’a pas peur de l’échange.” Léna Paugam vit son métier d’artiste pluridisciplinaire intensément, passionnément, avec un engagement fort pour défendre ce “service public de la culture”, qu’elle estime menacé, et pour faire entendre les voix tues depuis trop longtemps, en particulier celles des femmes et des minorités.

“Le théâtre a été pour moi la découverte d’un cadre dans lequel je pouvais explorer ma liberté et ma sensibilité en toute confiance ; ce fut pour moi un mode d’expression privilégié où j’ai pu enfin me sentir écoutée et entendue.” Léna Paugam était alors à l’école primaire. Troisième dans une famille de six enfants, “j’étais une petite fille très timide qui avait bien des difficultés à trouver une place”. La découverte du théâtre agit comme un déclen-cheur et, un peu plus tard, lorsqu’elle rejoint le lycée à Rennes, un ami l’emmène au tnb pour voir Le Maître et Marguerite, de Mikhaïl Boulgakov. Le choc. “J’avais 15 ans et j’ai découvert là un monde dont j’ignorais l’existence et auquel je pouvais accéder par moi-même.” S’ouvre alors “un horizon de liberté, un espace à conquérir, un jardin que je pouvais défricher”.
Son rêve au lycée est de devenir réalisatrice de cinéma. Mais au moment de s’orienter vers les études supérieures, elle choisit finalement une classe de prépa littéraire avec une option théâtre et elle prend la direction de Paris. Cette capitale où elle va nourrir sa soif culturelle : “Je n’avais pas beaucoup d’argent mais j’ai cherché par tous les moyens à voir tout ce qui était possible ; je voulais rattraper le manque.” Après cette première année de prépa, elle entre en licence de philosophie, s’inscrivant en parallèle à un master de recherche en études théâtrales, toujours à Paris. Ces recherches la mèneront un peu plus tard vers une thèse de doctorat au sein de SACRe, laboratoire de recherche par les arts de l’université Paris Sciences & Lettres, dans laquelle elle explore la notion de désir dans les dramaturgies contem-poraines et les pratiques théâtrales. Pratique théâ-trale qu’elle va elle-même perfectionner au Centre national supérieur d’art dramatique, suite à une rencontre : “Lorsque j’étais à l’université, j’ai eu la chance de rencontrer Julie Brochen, la directrice du théâtre de l’Aquarium, à qui j’ai demandé un jour de pouvoir être son assistante.” La réponse n’est pas celle espérée initialement mais elle va s’avérer déter-minante pour la carrière de Léna : “Elle m’a dit de me former d’abord en tant que comédienne pour bien comprendre comment se fabrique la magie d’un spectacle et ce qui fait la densité du spectacle vivant.” Et c’est ainsi que s’est nourrie cette passion pour la scène théâtrale : “C’est une passion qui est née pro-gressivement et qui s’est déposée en moi pour ne plus jamais me quitter.” (…)

Autres articles de ce numéro:

A lire également